ICI VOUS ÊTES UN TOURISTE

ICI VOUS ÊTES UN TOURISTE (2007)

Pour leur première chronique chez Karton, nos amis toulousains de Radio Eskale Quilombo nous présentent un groupe que nous n’aurions certainement jamais découvert sans leur judicieuse intervention ! Car c’est aussi ça le do it yourself : des apparitions de groupes aussi géniaux qu’éphémères, dont l’alchimie ne se concentre souvent que sur un seul et même album. Alors dégustons comme il se doit la comète sonore « ICI VOUS ÊTES UN TOURISTE » (lien en téléchargement libre à la fin de cet article) ! | Par Dim (Eskale Quilombo radio show)

Dans la vie, il y a des choses qui ne se font pas…Chroniquer un disque de scène locale sorti il y a 13 ans, très peu distribué et quasiment introuvable aujourd’hui en fait certainement partie.

Mais voilà que l’équipe en béton de Karton nous propose de gribouiller quelques lignes dans le zine, et au delà de l’honneur que cela représente pour l’équipe d’Eskale Quilombo, l’occasion est trop belle pour rester conventionnel. « Faites ce que vous voulez les gars, faites vous plaisir » qu’ils nous ont dit, et comme on n’est pas du genre contrariant…



Mis en boîte en 5 jours, durant le mois de juillet 2007, dans la campagne Tarnaise, par Skipouin (guitare, basse et voix), Acid « Seb » Iwansson (piano, xylophone et chant) et Happy Flaming « Fred » Holiday (batterie, sifflements, clap-clap et cri du dahu), le premier album du trio ICI VOUS ÊTES UN TOURISTE, trouve son origine une dizaine d’années auparavant, lorsque le groupe se forme dans les couloirs du lycée.

C’est d’ailleurs au sein de l’établissement que le nom est trouvé, grâce à une prof estimant le travail fourni par Skipouin trop peu conséquent. Elle lui dira un jour : « ici vous êtes un touriste ». Il la remerciera dans la foulée d’avoir trouvé le nom du groupe.

Le disque ouvre sur une intro qui sonne comme étrange ritournelle, le calme annonçant la tempête : « à force de fixer le soleil, j’me suis cramer les yeux, j’ai déformé ma rétine, j’ai troué mon cerveau… ». Arrive rapidement le premier titre « Tourist ». Les gars ont la politesse de se présenter. Les riffs sont acérés, le rythme enlevé, la prod est sèche et directe, les voix sont éraillées. Ça gueule des textes en français, allemand, anglais, suédois, italien, espagnol, qui rejettent avec beaucoup d’humour et d’ironie le monde aseptisé et idiot qui nous entoure.

« Pousse toi » envoie gentiment aller se faire foutre les décérébrés considérant leur bagnole comme le prolongement de leur pseudo toute puissance. Dans « SMS  (six mai singalong)» cette feignasse de Youssef n’a pas de maille, forcément il a pas de travail, du coup faudrait qu’il s’en aille. « Demoiselles de papier » se paie la tronche des mecs qui forniquent à tour de bras des…images… « Vino de la calle » fait l’apologie de ce bon vieux sang du christ avec lequel on peut s’enivrer dans des rades crasseux. Le disque s’achève par un larsen de 2 minutes passé à la moulinette des pédales d’effets au point de devenir un perce-tympan digne du cri que ferait la guitare de Thurston Moore si on l’égorgeait.

Au total, dix titres d’une créativité remarquables, jalonnent cet album de pur rock. À noter une « ghost track », qui n’existe pas (une vraie chanson fantôme !), annoncée sur le verso du disque, piste 13. Pas si vide, puisqu’elle véhicule un message: « Supportez votre scène locale ». C’est ce qu’ils feront un temps via leur association « Anti-rock » (un jeune prodige, au nez aussi creux que sa culture musicale et dont la principale qualité était d’avoir la panoplie vestimentaire du parfait petit bobo-rockeur, les avait virés de la programmation d’une salle de concert merdique, prétextant qu’ils n’étaient pas assez rock).

Un deuxième album sortira en version numérique. Malheureusement, ce second ouvrage ne sera pas défendu, la vie envoyant Skipouin en Chine pour de nouvelles aventures au moment de sa finalisation. C’est finalement l’histoire de beaucoup de groupes « amateurs ». D’enregistrer un disque puis de spliter avant sa sortie, parce que les autres membres du groupe, au bout d’un moment… c’est bon, t’as assez vu leurs ganaches !