GURS – Gerran Bizi Gara (2024)

Paisible commune de 417 habitants en plein cœur des Pyrénées-Atlantiques françaises, Gurs se situe à deux pas de la mégalopole d’Oloron-Sainte-Marie et de la citadelle de Pau. Mais pour qu’un groupe de punk fasse le choix de s’appeler ainsi c’est avant tout une question d’Histoire… Créé en 1939, le camp de Gurs était un camp d’enfermement pour les républicains espagnols et autres militants antifascistes durant la guerre civile. Durant le régime de Vichy ce dernier deviendra un camp de concentration annexe au régime Nazi.
C’est donc en mémoire au lourd passé historique local et aux horreurs politiquement cautionnées que le quatuor Basque GURS sort son premier album Gerran Bizi Gara (Nous vivons en guerre), un hymne à la mémoire de nos combats, à une lutte des classes obstinée et un appel désespéré à l’espoir.


| Par NinoFutur

De son ouverture sur le désespérément nihiliste « No retorno » (sans retour) dépeignant une humanité livide et consumériste réduite à un amas de chair d’os et d’anxiété (« CARNE, HUESOS Y ANSIEDAD ! » est-il beuglé) vouée à se noyer lentement dans les boyaux de nos centres urbains abreuvés par un libéralisme autophage.

Hymne de lutte ouvrière, « Volveran » (Reviendront) et son refrain martial provoquent une explosion de sérotonine garantie à chaque écoute.

Avec en trame de fond de nombreux questionnements autour de la lutte des classes et des l’exploitation de nos vies urbaines planant sur tout l’album, « Gerran Bizi Gara » ne ment pas. Nous vivons en guerre. La chair de nos corps sont sacrifiés pour un capital abrutissant et annihilant. Nos corps fatigués luttent comme ils peuvent pour raviver les étincelles. Les trottoirs, les allées de béton grises nous digèrent chaque jour un peu plus : « des montagnes de plastique et ciment, ces accumulation de nos tristesses » (« Eder ta Hutsa »)




Façonnant une grande commémoration commune d’un passé de lutte et d’antifascisme, Gurs tant par son nom que sa démarche, tente de dépoussiérer et remettre en forme une mentalité combative bien que désillusionnée à travers un disque aussi froid que réchauffant. Entre exploitation de la classe ouvrière, défiguration de nos villes, mensonges d’état et corruption parlementaireGerran Bizi Gara est un rappel à la réalité aussi dur que nécessaire ravivant aussi bien nos heures les plus sombres que les flammes de demain.