OCTOPOULPE

WHO TF IS 

OCTOPOULPE ??

Recordman du show D.I.Y, intrépide avaleur de bitume, nerd de magnitude 6, et surtout fin connaisseur en WC. Octopoulpe, plus connu sous l’identité civile de « JP » est l’une de ces personnes qui au simple échange, viennent vous mettre un coup de boost dans votre vie. Vous prouver qu’être rigoureux dans le n’importe quoi et vous lancer aveuglément sur les sentiers de l’errance a quelque chose de magnifique. Multi-instrumentiste de qualité, polyglotte des langages informatiques ou tout simplement éternel hyperactif. 

Ensemble et tout de suite, perçons le voile du mystère, à savoir : qui est vraiment le JP ? 

| Par Nino Futur

Le JP est un spécimen rare, un élément d’aucun tableau périodique, un pokemon d’aucun pokedex, une mutation du réel. À l’image de son animal totem le poulpe, le JP s’adonne seul derrière sa batterie et ses programmes à une musique tentaculaire, spectaculaire et sauvage.

Seul mais accompagné de son orchestre virtuel sur écran, Octopoulpe relève d’avantage d’un spectacle son et lumière total, géré de manière entièrement indépendante. L’équivalent d’un spectacle Puy du Fou pour les crusts.

Vosgien d’origine, c’est dans la froideur hostile de Nancy que le JP se développera, tout d’abord au travers des sillons du metal qu’il côtoiera initialement au sein de sa première formation Headust (« tête poussière » aime-il le préciser) avec laquelle il s’exécutera a plus de « 100 concerts dont un dans la ville de Dijon s’il vous plaît » !

En 2005 c’est le grand déclic. Appelé en urgence pour jouer dans un groupe Rouennais, le JP s’engouffre dans le vortex de la tournée, expérience qui restera a jamais gravé dans ses gênes. En 2006, le JP fonde Escarres, groupe mathcore chaotique lui permettant de découvrir le monde du punk et toute la philosophie du DIY gravitant autour.

Ébahi à l’idée de découvrir une scène où musique et politique font bloc, et où les attitudes problématiques ne sont pas les bienvenues, le D.I.Y. entre pleinement dans son ADN. Marquant au passage pour lui le début d’un trouble boulimique caractérisé par une faim irrassasiable de concerts. Au même moment un nouvel acteur entre dans la vie du JP et scellera son destin. On l’appelle MySpace. C’est le début d’une ouverture étendue vers la scène DIY mondiale, des premiers contacts établis avec le Japon et l’Asie et c’est le grand rush caractéristique de la vie du JP qui se met en place.

Escarres devient une sorte de machine punk tout terrain jouant tout autant sous l’unique néon d’un squat que sous un pont de bretelle d’autoroute à Tokyo en plein après-midi. « Une des plus grosses claques dans la gueule de toute ma vie » affirme le JP perdu dans ses pensées autour de l’Asie.


Un continent asiatique qui marquera un autre tournant radical dans la vie du JP, qui sur un coup de tête quittera ses douces Vosges natales pour l’immensité de Séoul. 

Vers Séoul et au-delà

Résigné au statut d’éternel touriste, il faudra beaucoup de logistique pour conserver son visa : « Je devais quitter le pays tous les trois mois pour renouveler mon statut de touriste, mais quand je dis quitter le pays, c’est pas juste partir un week-end au Japon. C’est là que j’essayais de faire concorder mes tournées sur un mois, partir suffisamment longtemps pour ne pas apparaître comme un travailleur illégal ».  Là-bas, le JP poursuivra son appétit de distorsions en fondant MyManMike, trio fastcore à l’esprit déplacé.


Développeur Web en freelance, le JP ne possède pas une activité rémunératrice des plus rock’n’roll, mais il possède néanmoins l’indépendance que ses camarades corééns n’ont pas . Désireux de poursuivre sa quête boulimique de concerts et sous la pression d’un ami proche lui proposant de tourner en Indonésie, le JP dispose de 10 mois pour conceptualiser une formule solo pour jouer un punk hybride.


La tête du JP est une bouilloire acide à idées, rien n’y est convenu, rien n’y est à moitié, tout y fuse et s’éparpille. C’est là que l’idée d’un projet solo punk séquencé mêlant show vidéo et lumière se met en branle : « l’essentiel pour moi était de donner un projet solo qui ne soit surtout pas chiant ».

Usant de son esprit couteau Suisse, le JP sait mettre à profit ses compétences de développeur, vidéaste et multi-instrumentiste au cœur du projet.

La formule initiale se présentait sous la forme d’un duo avec lui-même projeté sur écran, le tout étant séquencé sur pédalier midi et généré aléatoirement par passages, donnant lieu à des interactions entre lui et son alter-ego virtuel, pouvant même donner lieu à des inter-changement d’instruments…. « Un sacré merdier ! ».

Idée géniale ou démesurée, le JP se rendra très vite compte que l’Indonésie était le pire endroit possible pour roder un show pareil. Souvent démuni de matériel au beau milieu de conditions de concert désastreuses, le JP se retrouve à tenter sa formule solo sur des vidéos projecteurs cassés, des kits batteries indignes et autres sonos asthmatiques. Pas défaitiste pour autant, le JP sait se relever plus fort. C’est ainsi qu’après un baptême du feu hasardeux, lui et son double virtuel allient leurs quatre bras et jambes pour ne faire solidement qu’un : l’Octopoulpe.

Octopoulpe way of life


Influencé par le projet solo André Duracell, Octopoulpe va parfaire son travail de séquences sur batterie et son langage « pure data » afin de proposer un réel show complet et interactif de A à Z. Désormais inarrêtable, le JP est une machine de guerre de tournée. Entièrement indépendant, il suffit d’une unique prise de courant sur place pour qu’il puisse déployer sa machine infernale. Uniquement porté par la volonté de découvrir de nouvelles contrées et tisser de nouveaux liens, le JP fait de la route une partie intégrante de son quotidien.

« Je crois que c’est boire des coups avec les gens après les concerts qui me tient. Si je devais uniquement faire mon concert, dormir à l’hôtel juste après et recommencer, j’aurais arrêté la musique. Ca n’a pas de sens. J’ai pas de meuf, pas de gamin, un taff qui me permet d’être libre. Je veux voyager, que demander de plus ? ».

Sans limites dans le concept, le JP est prêt à tout quitte à juste se faire rire lui-même, comme faire une tournée des villes balnéaires touristiques d’Espagne : « tu joues dans des rades de merde devant des gens qui s’en foutent et mangent de la pizza ». Dans sa vie à 100 à l’heure, le JP s’interdit l’alcool fort et les drogues, possède une voiture du futur qui conduit toute seule, hait les jours-off, et se lasse généralement de tourner au bout de deux mois : « j’ai envie de rentrer chez moi et de jouer de nouvelles choses ».

I took a shit in this toilet

Point vital de la vie en tournée, les WC ont une place toute particulière dans la vie du JP. À l’image d’un trip advisor du punk, le JP a développé son propre système de notation des toilettes en tournée par un ingénieux système de stickers. La meilleure note se trouve actuellement dans la salle El Puente de Yokohama avec ses toilettes aux sièges chauffants.

« Impossible d’avoir plus de 4/5 si tes toilettes n’ont pas le petit jet à la japonaise, le japon m’a fait repenser le concept des toilettes ».

Dans la tête c’est Mexico

Désormais, le JP s’est implanté dans la ville de Mexico city suite à un ras le bol généralisé de la Corée du sud : « Séoul c’est 24 millions d’habitants pour une scène punk de 50 personnes, aux concerts dans les mêmes lieux avec relativement les mêmes groupes. J’ai vu plus de 50 fois mes potes jouer, c’est pesant ». Possédant un sens de l’acclimatation sur-développé, il fallait donc un cadre radicalement éloigné pour relancer l’Octopoulpe : « Le Mexique à l’arrache mais chouette, parfois un peu craignos. Se retrouver au milieu des narcos qui se ramènent aux concerts c’est chaud mais toujours fun. »

Venu s’installer avec dans la foulée après une tournée Mexicaine, une coloc débusquée à l’arrache sur Craigslist (équivalent américain du bon coin) et le destin vient une fois de plus sceller un chapitre de l’existence du JP.

Le poulpe possédant trois cœurs, le JP possède deux vies : celle qui dure approximativement 5 mois par an, placée sous le signe de tournées acharnées poussées au rythmes de blast beats, et de picole à un niveau athlétique.

Et l’autre, celle qui consiste à faire du 18h d’ordi cloîtré dans sa chambre : « je mate des films sur deux écrans en même temps que je bosse, je suis le nerd 5000, j’ai des colocs qui ne me voient jamais, j’ai aussi une batterie dans la chambre, ça occupe… »

JP se revendique fièrement de la caste des geeks, jusqu’à l’assumer dans son étiquette musicale Geek core. « Mon truc de la pandémie, c’était de ne pas sortir et de penser le concept de coder tout mon lightshow, parce que flemme d’arriver dans des lieux où juste un néon fait l’éclairage. Le ressenti d’un show passe pas mal par les lights. »

Capable de se perdre 6 mois durant en partant de zéro afin de saisir les rudiments du codage light, le JP a une fascinante faculté à s’engouffrer dans des brèches chronophages.

« Je refuse de laisser des projets inachevés, quitte à passer 300 heures dessus. Mon meilleur poste, c’est after effect !».

Le JP est un perfectionniste de la connerie. Toute la vidéo accompagnant son show est soignée par ses petits soins. Réalisateur de clips, il est capable de passer un an sur un projet de clip animé :

« J’essaie de passer moins de temps sur mes vidéos de live, vu qu’elles ne sont vues qu’une fois par des gens bourrés mais je n’y arrive pas ! ».

S’il y a une chose qu’il faut retenir du cas JP, c’est que le DIY en tant que moteur de vie est totalement concevable. Suffit-il d’y croire au maximum et de ne pas hésiter à repousser les limites de sa bêtise aventureuse. Qu’on n’est jamais mieux servi que par son hyperactivité.

Alors qu’est-ce que tu attends ? Tu peux toujours faire quelque chose de tes mains, car le JP en aura toujours deux d’avance sur toi.