UMMO – El Caso Ummo

UMMO – El Caso Ummo

(Rap hardcore, MADRID / 2021)

Espagne, 1966.
D’étranges messages cryptés  laissant présager une forme de vie supérieure venue d’ailleurs sont interceptés et analysés. Ils feront écho dans le pays donnant naissance à de véritables mouvements de fascination, ainsi qu’ à la création de clubs de recherche amateur. Fruit d’une ère moderne empreinte de la démocratisation de la science fiction, cette affaire ébahira autant qu’elle suscitera scepticisme. Ces messages viennent de la planète Ummo située à près de 14,4 années lumières de la terre. Grâce à leur supériorité technologique les « Ummites » seraient parvenus à entrer en contact avec la première forme de vie développée technologiquement. | Par Nino Futur


Ces messages partagent les conditions de vie des ummites sur leur planète, mais également leur rapport au jeu, à la famille, au sexe, ainsi que leur moyens de transport.
Le mystère des ummites se poursuivra en Espagne jusqu’en 1993 où un certain José Luis Jordán Peña, ingénieur en télécommunication, professeur de physique mais également ancien fervent collaborateur Franquiste (soit-dit en passant), avouera être à l’origine de la supercherie du mythe Ummo. Ses connaissances accrues en télécommunication et en informatique lui ayant permis de développer tout l’imaginaire de messages cryptés, et de tentatives de communications fréquentielles.

Fin d’un mythe, fin du prologue.

Madrid, 2021.



L’internet est chamboulé. D’étranges signes de vie d’ailleurs semblent s’être matérialisés sur la toile, une vidéo laissant entrapercevoir dans une pièce enténébrée une silhouette cagoulée, le regard fou, vosciférer face à un micro, à propos d’aliens dans une grange, de traces de vie inconnues et d’antéchrist.

Soudainement, un coup de feu retentit, le crane de l’étrange émissaire masqué explose. Et ressurgit de sa plaie béante telle une larve glaireuse, une nouvelle tête prête à poursuivre sa route impitoyable.

Cette personne, se fait nommer Sagan Ummo, et dirige le projet rap Ummo depuis 2014. A l’image de l’hydre, Sagan vient faire repousser une vieille tête et redonner vie au mythe perdu de la planète Ummo au travers d’une musique sombre, claustro, et tendue.

El Caso Ummo, premier long format faisant suite à une longue suite d’EP nous montre une bonne fois pour toute l’ensemble de l’étendue sonore du projet.



Trio Rap formé autour de Sagan Ummo au chant, Mr Mill aux beats et à la production ainsi que Woa Ummo aux backing vocals, leurs membres sont camouflés sous la même cagoule. Le groupe puise ses influences autant du côté de l’horrorcore pur et dur que de la trap plus moderne, ou encore du côté du death et du black metal, El Caso Ummo en est la production la plus aboutie.


Après l’introductif « No Nos Crean » bien sous tension et dur, on comprend d’entrée de jeu que le projet d’Ummo est un cas d’école singulier à la croisée d’influences toutes aussi bien ingérées que digérées les unes aux autres.

Tous les codes de l’horrorcore à l’ancienne sont respectés et retransmis dans cette atmosphère profonde que l’on retrouve dans les productions de rap actuel.


« No Vine en son de Paz » (littéralement traduisible par « Je ne viens pas en paix ») est l’évident tube de l’album, d’une prod simple et fine, avec des paroles que l’on pourrait situer dans un registre tout à fait opposé. Osé, le final est chanté dans un style de variété à l’espagnole ! On voit bien que l’animal ne se prive de rien et se complaît dans l’enfonçage de portes.

Tout aussi instable et suffoquant, « Spanish Juggalo Freestyle » s’avère être une bonne démonstration de sordidité.

Au contraire, « Mucha Muerte » se situe dans la lignée des production de rap actuelles et nous donne une belle démonstration de technique avec en prime deux invités (Sokez et Hide Tyson) qui maîtrisent un style de rap

plus classique, histoire de donner une respiration supplémentaire à l’album.

« Space Jam » nous plonge dans une ambiance de film d’horreur found footage alors que « Mas Hardcore que se puede ser » et son final drum and bass nous embarque vers une nouvelle facette du projet, un remix Death Metal presque abusé du morceau « No Vine en Son de Paz ».

L’album se clos en brutalité sûre.


Un album signant un réel aboutissement ainsi qu’un réel tournant pour le projet. Reste à voir la direction que prendront nos cagoulés pour les productions à venir, mais à la vue de la présence de Sagan en featuring avec certains rappeurs du game espagnol… on imagine qu’Ummo ne peut que grandir jusqu’à une invasion évidente des Ummites sur notre pauvre planète insipide !